L’assurance-vie est un outil de transmission patrimoniale prisé, offrant une certaine souplesse dans la désignation des bénéficiaires. Cependant, cette flexibilité soulève des questions, notamment celle de savoir si les héritiers peuvent connaître l’identité du bénéficiaire désigné. La réponse dépend du moment où la question est posée : avant ou après le décès du souscripteur.
Confidentialité de la clause bénéficiaire de l’assurance-vie
La clause bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie est strictement confidentielle. Tant que le souscripteur est en vie, ni les héritiers, ni le notaire, ni aucune autre personne n’ont le droit de connaître l’identité du bénéficiaire désigné. Cette confidentialité est protégée par le secret professionnel auquel sont tenus les assureurs.
Le souscripteur peut choisir de révéler ou non l’identité du bénéficiaire. Il peut également modifier la clause bénéficiaire à tout moment, sauf si le bénéficiaire a accepté sa désignation de manière irrévocable. Dans ce cas, toute modification nécessite l’accord du bénéficiaire.
Démarches à entreprendre après le décès du souscripteur
Après le décès du souscripteur, les héritiers peuvent entreprendre certaines démarches pour savoir s’ils sont bénéficiaires d’un contrat d’assurance-vie :
Contacter le notaire
Si le défunt a mentionné l’existence d’un contrat dans son testament ou auprès de son notaire, ce dernier peut orienter les héritiers. Cependant, le notaire ne connaît pas nécessairement le bénéficiaire, car l’assurance-vie est hors succession.
S’adresser à l’AGIRA
L’Association pour la Gestion des Informations sur le Risque en Assurance permet de rechercher un contrat non réclamé. Après dépôt d’une demande avec un acte de décès, l’AGIRA interroge les assureurs, qui contactent directement le bénéficiaire s’il est identifié.
Demander aux assureurs
Après le décès, les compagnies d’assurance sont tenues de rechercher activement les bénéficiaires et de leur verser le capital dû. Cependant, elles ne peuvent révéler l’identité du bénéficiaire aux héritiers non désignés.
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Contester la clause bénéficiaire
Dans certaines situations, les héritiers peuvent estimer qu’un bénéficiaire a été désigné de manière abusive et chercher à contester son droit à percevoir le capital. Toutefois, la clause bénéficiaire étant un choix libre du souscripteur, il est difficile d’en obtenir l’annulation sans motifs légitimes.
Les motifs de contestation peuvent inclure :
- Primes manifestement exagérées : Si les primes versées sur le contrat sont jugées disproportionnées par rapport au patrimoine du souscripteur, les héritiers peuvent demander leur réintégration dans la succession.
- Abus de faiblesse : Si le souscripteur a été influencé ou manipulé en raison de son âge ou de sa vulnérabilité, la justice peut remettre en cause la désignation du bénéficiaire.
- Clause établie sous la contrainte ou par fraude : Si la clause bénéficiaire a été établie sous la contrainte, par fraude ou en l’absence de consentement éclairé, elle peut être annulée par décision judiciaire.
Dans tous les cas, une contestation nécessite des preuves solides et une action devant le tribunal judiciaire.
Récupérer le capital d’une assurance-vie
Une fois informé de sa qualité de bénéficiaire, il est possible de récupérer le capital de l’assurance-vie en suivant certaines étapes :
- Informer l’assureur : Envoyer un courrier recommandé avec accusé de réception à la compagnie d’assurance, accompagné d’une copie du certificat de décès du souscripteur.
- Fournir les documents requis : Joindre une pièce d’identité, un document établissant le lien avec le souscripteur (par exemple, un acte de mariage ou de PACS), et un RIB du compte sur lequel les fonds seront versés.
- Déclarer aux impôts : Déclarer la somme perçue aux impôts en remplissant le formulaire n° 2705-A et en le déposant au service de l’enregistrement du domicile de l’assuré.
Assurez-vous d’envoyer un dossier complet pour éviter les retards dans le versement.
Assurance-vie en déshérence
Il arrive que des contrats d’assurance-vie restent non réclamés après le décès du souscripteur, notamment si les bénéficiaires ne sont pas informés de leur désignation. Dans ce cas, le contrat tombe en déshérence.
Pour éviter cette situation, les héritiers peuvent effectuer des recherches :
- AGIRA : Pour les contrats datant de moins de 10 ans, l’AGIRA peut aider à identifier l’existence d’une assurance-vie.
- Ciclade : Pour les contrats plus anciens, la Caisse des Dépôts a mis en place le service Ciclade, qui permet de rechercher des fonds non réclamés issus de contrats d’assurance-vie.
Si aucun bénéficiaire n’est identifié et ne manifeste son intention de réclamer le capital d’une assurance-vie, l’argent sera reversé à l’État au bout de 30 ans.
Conclusion : ce qu’il faut retenir
La confidentialité de la clause bénéficiaire d’une assurance-vie est strictement protégée, ce qui empêche les héritiers de connaître l’identité du bénéficiaire tant que le souscripteur est en vie. Après le décès, des démarches spécifiques peuvent être entreprises pour identifier l’existence d’un contrat et savoir si l’on est bénéficiaire.
En cas de litige ou de doute sur la légitimité d’un bénéficiaire, des recours juridiques sont possibles, bien qu’ils nécessitent des preuves solides. Il est donc recommandé aux héritiers de se renseigner activement et de faire appel à des professionnels du droit si nécessaire.