Quand le créateur de The Witcher s’agace : pourquoi Andrzej Sapkowski envisage-t-il de réécrire l’histoire… ou du moins de la corriger ? Voilà un épisode de la saga qui ne manque décidément pas de piquant, ni de surprises !
The Witcher : un univers, miliarde de débats
Parler de l’univers The Witcher, c’est ouvrir la porte à mille discussions… et autant de trolls. Mais pour Andrzej Sapkowski, le romancier polonais à l’origine de cet incontournable de la fantasy, il existe aujourd’hui une question qui fait particulièrement grincer des dents : l’utilisation de ses créations dans les jeux vidéo !
À l’occasion de la sortie de The Witcher : La Croisée des Corbeaux, l’auteur a participé à une session de questions-réponses organisée par Orbit Books sur Reddit, dans le fameux forum r/Fantasy. Un certain CranEXE lui a lancé une question (a priori innocente) sur un aspect bien précis des adaptations vidéoludiques : les nouvelles écoles de sorceleur qui ont fleuri grâce – ou à cause – des jeux vidéo. Et là, Sapkowski ne s’est pas fait prier pour donner une réponse… tranchante !
L’école du Loup… et la faute du détail en trop
Dans sa réponse, l’auteur est clair comme de l’eau de source : « Une seule phrase concernant une école du Loup s’est mystérieusement retrouvée dans Le Dernier Vœu (Premier livre The Witcher) ». En d’autres termes, il n’avait jamais prévu de développer cet aspect, et slip !, la voilà qui s’est glissée dans l’ouvrage. Pour Sapkowski, ce détail était indigne d’être développé davantage, « narrativement incorrect, voire préjudiciable à l’intrigue ».
L’auteur va même plus loin. Il envisage, ni plus ni moins, de supprimer toute mention des écoles de sorceleur lors des prochaines éditions de son premier roman. Allez, un vrai retour vers le futur éditorial, comme s’il pouvait effacer ce qui, pour beaucoup de fans, fait aussi partie de la mythologie du Sorceleur depuis que CD Projekt a mis la main sur la licence…
Petite plongée dans les écoles de sorceleurs
- L’école du Loup : la plus célèbre, et pour cause : Geralt de Riv, le héros, en est issu. Impossible de passer à côté, surtout que le premier jeu démarre lorsque Geralt quitte le bastion mythique de Kaer Morhen.
- L’école des Vipères : deuxième école la plus importante. Letho de Gulet, l’antagoniste du deuxième jeu The Witcher : Assassin of Kings, en est le membre emblématique.
- Les autres écoles : minoritaires, elles font de la figuration – l’école du Chat, du Griffon, ou encore l’école du Manticore, qui apparaît dans le DLC Blood and Wine du troisième épisode. Oui, pour ceux qui aiment les variantes, il y a de quoi faire, même si l’auteur ne leur accorde, on l’aura compris, pas la moindre validation narrative !
Pour Sapkowski, tout ça – ces écoles, leurs rivalités, leurs codes – sont des ajouts venus enrichir (ou polluer, selon le point de vue) son univers après coup, et sans grande cohérence avec la trame d’origine.
Les jeux vidéo : source d’inspiration… ou d’irritation ?
La question de la relation entre Sapkowski et les jeux vidéo a de quoi alimenter les débats lors des dîners en famille (ou sur Discord). De notoriété publique, l’auteur ne porte pas ces adaptations dans son cœur.
Dès 2012, un an après la sortie du second opus vidéoludique, il donnait le ton lors d’une interview pour Kotaku : pour lui, les jeux sont une « adaptation libre reprenant des éléments de mon travail ; une adaptation créée par différents auteurs. » Pas question d’y voir une version alternative, ni même une suite légitime aux romans.
La chronologie même appuie cette prise de position : le tout premier jeu The Witcher débute après la fin du dernier roman, La Dame du Lac. L’auteur martèle sa conviction qu’une histoire, la vraie (celle qui compte vraiment, hein !), ne peut être contenue qu’entre les pages d’un livre.
Changer le passé (éditorial) : réflexions d’auteur
Devant ce fossé entre son œuvre et ce qu’en font les jeux, Andrzej Sapkowski envisage donc de réviser, voire d’effacer purement et simplement la notion d’école de sorceleur de son premier livre lors des prochaines éditions. Un geste fort, qui réaffirme sa volonté de garder la main sur son univers et ses codes.
Faut-il pour autant s’attendre à une réécriture radicale ? Mystère. Mais une chose est sûre : derrière la légende du Sorceleur, il y a un auteur qui veille au grain, prêt à sortir la plume affûtée face aux libertés prises par d’autres.
