Bouclez vos ceintures émotionnelles : la série “Des vivants” débarque pour remettre en question tout ce que vous pensiez savoir sur le 13 novembre 2015. À travers le récit poignant des « potages », ces rescapés d’un enfer devenu tristement célèbre, préparez-vous à une immersion entre ténèbres et lumières, chutes et rebonds, fractures et fraternités incroyables.
La nuit du Bataclan : chaos, peur et solidarité
Imaginez une nuit noircie par l’horreur :
- Seb, la tempe en sang, traversant une marée de brancards et d’ambulances pour retrouver son ami parmi les blessés.
- Marie, dans une cour devenue poste médical avancé, cherchant désespérément un téléphone : « C’est pour appeler mon mari, parce qu’il est encore là-bas ».
« Là-bas », c’est cette salle de spectacles, le Bataclan, théâtre d’une tuerie dont le souvenir glace encore. Au premier étage, un couloir étroit aura été le huis clos de onze spectateurs retenus en otages deux heures vingt par deux terroristes, avant d’être sauvés lors de l’assaut de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI).
Les « potages » : se reconstruire dans le désastre
Sept parmi ces rescapés – Marie, son époux Arnaud, Sébastien, Caroline, Gregory, David et Stéphane – souhaitent, au matin d’un drame, transformer la douleur en force collective. Leur surnom ? Les « potages », contraction de « potes » et « otages ».
D’horizons différents mais tous passionnés de rock, ils continuent à se retrouver dans un café, pour :
- Exprimer leurs fissures et leurs espoirs
- Chanter malgré tout
- Rire, se soutenir, s’offrir mutuellement des bouées de sauvetage dans une mer de souvenirs
Des vivants : une série au service de l’humain, jusqu’au procès
La série “Des vivants” signée Jean-Xavier de Lestrade débarque en huit épisodes sur France.tv (plateforme gratuite), avant une diffusion sur France 2 à partir du 3 novembre sur trois soirées. Ce réalisateur, déjà passé maître dans l’art d’adapter des faits divers (« Sambre », « Laetitia »), met l’humain à l’honneur pour dérouler le fil de chaque « potage » jusqu’au procès de septembre 2021.
Mais comment recoller les morceaux après l’inimaginable ? L’œuvre soulève, sans tabou ni voyeurisme :
- Doit-on se murer dans la douleur et la culpabilité d’être vivant quand tant d’autres sont partis ?
- Faut-il extérioriser ?
- Comment rebondir après avoir touché le fond ?
- Et l’isolement, l’acceptation de la main tendue par des sauveurs, policiers de la BRI ?
La fiction, parfois suspendue entre noirceur pure et lueurs fragiles, célèbre la force du collectif.
Et ce n’est pas tout. Flash-back éprouvants au Bataclan – où le mot indicible prend tout son sens –, et mille petits détails inattendus. Parfois, tout se joue là où on ne s’y attend pas :
- L’image de Stéphane marchant seul, drapé dans sa couverture de survie au petit matin
- Un père qui, d’une phrase glaciale, lui reproche de « déballer »
- Une fillette demandant naïvement : « Vous parlez encore du Bataclan ? »
- Des amis qui jettent un « Ça s’arrête vite la compassion. C’est de la merde » en guise d’adieu
- Et la maman qui s’effondre soudainement dans la rue, tout simplement
Entre les bas – cicatrices physiques comme ces éclats de fer dans le dos, amours cabossées, proches désemparés – et les hauts : retrouvailles avec les policiers, séances chez la psy où tout est (vraiment) dit, sourires, chansons…
Puissance du récit, force de l’espoir
L’écriture de la série s’appuie sur le récit authentique des « potages », admirablement incarnée à l’écran par Alix Poisson, Benjamin Lavernhe, Anne Steffens, Félix Moati, Antoine Reinartz, Cédric Eeckhout et Thomas Goldberg.
Ce qui fait la force de « Des vivants », c’est justement ce passage constant de l’intime au collectif, sans jamais tomber dans le spectaculaire ou le trash. La série bouscule, révèle, exhume des souvenirs dont il faut, envers et contre tout, parler, partager. Car ensemble – oui, toujours ensemble – il reste une étincelle, celle de l’espoir.
En somme, “Des vivants” est une piqûre de rappel, sensible et bouleversante : après la nuit, il y a le jour. Face à l’horreur, il y aura toujours la chaleur des vivants.
